Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799)
Né à Paris d'un père horloger, Pierre Augustin Caron devient lui-même horloger du roi en 1753. Deux ans plus tard, il commence une rapide
ascension sociale en épousant la veuve d'un membre de la maison du roi et en gagnant la faveur des filles de Louis XV, dont il est le
professeur de harpe. En 1761, il achète une charge qui l'anoblit et lui permet de prendre le nom de Beaumarchais. D'extraction modeste,
Beaumarchais connaîtra toute sa vie cette ambiguïté, entre défense des droits du peuple et aspiration à l'aristocratie. Associé au financier
Pâris-Deverney, il se rend à Madrid en 1764 sous le prétexte romanesque de défendre l'honneur de sa soeur, plus probablement pour négocier
d'importantes affaires.
Ses activités variées, qui lui valent une sulfureuse réputation d'aventurier, sont aussi l'occasion de production de textes où, pour
défendre ses positions, il fait parfois appel à son art consommé du théâtre (Mémoires contre Goëzman, 1773-1774, où il met en question le
simulacre de justice auquel il est confronté dans une affaire). Il mène parallèlement une carrière d'auteur dramatique qui lui vaudra un
succès retentissant.
La célébrité vient à Beaumarchais en février 1775 avec le Barbier de Séville ou la Précaution inutile. Il s'attache dans la foulée à
protéger les droits des dramaturges, en créant en 1777 la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Il entreprend également l'édition
des oeuvres complètes de Voltaire, qui sont imprimées de 1783 à 1790, à Kiel pour échapper à la censure française. Il faut attendre 1784 pour
que Beaumarchais atteigne le sommet de sa carrière, avec le Mariage de Figaro ou la Folle Journée. Cette comédie en cinq actes, écrite six
ans plus tôt (pour sa première version), est acceptée à la Comédie-Française en 1781. Trois années de bataille sont encore nécessaires pour
qu'elle puisse être jouée : le roi la trouvant « détestable », elle doit passer six fois devant la censure. La première représentation, qui
a lieu le 27 avril 1784, est un véritable événement : les duchesses comme les laquais ont fait la queue pour obtenir des billets, la salle
est comble, des spectatrices s'évanouissent, toute la cour et la ville entière font un énorme succès à la pièce, succès de scandale
savamment orchestré par l'auteur lui-même. Mécontent, Louis XVI fait emprisonner Beaumarchais à Saint-Lazare, mais doit le libérer sous la
pression de l'opinion publique.
Après ce triomphe, Beaumarchais fait encore jouer un opéra, Tarare (1787), un drame, la Mère coupable (1792), qui complète la trilogie
commencée avec le et le Mariage de Figaro. Cette dernière pièce, sans cesse représentée depuis sa création, inspire
d'ailleurs à Mozart l'opéra-comique en quatre actes les Noces de Figaro (1786). Le Barbier de Séville est, quant à lui, à l'origine d'un
opéra en deux actes de Gioacchino Rossini (le Barbier de Séville, 1816). Beaumarchais s'éteint à Paris le 18 mai 1799.
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