Marguerite Duras (1914-1996)
Écrivain et cinéaste française, proche des écrivains du nouveau roman par son style elliptique. Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Donnadieu, a retracé son enfance et son adolescence hors du commun dans plusieurs de ses romans (Un barrage contre le Pacifique, 1950; l'Amant, 1984). Elle fut élevée sur les bords du Mékong, où vivait sa famille; à la mort de son père, sa mère se ruina dans une affaire de terrains incultivables et sombra dans une sorte de folie. En 1932, elle vint à Paris terminer ses études (droit, sciences politiques, mathématiques) et adhéra au Parti communiste. Si ses quatre premiers ouvrages (les Impudents, 1943; la Vie tranquille, 1944; Un barrage contre le Pacifique, 1950; le Marin de Gibraltar, 1952) reposent sur une conception encore classique du roman, elle inaugura un nouveau style avec les Petits Chevaux de Tarquinia (1953) puis les Chantiers (1954). Avec Hiroshima mon amour (1959), adapté pour le cinéma par Resnais en 1960, elle s'imposa comme une figure importante de la littérature contemporaine. Engagée toute sa vie, de la Résistance à la guerre d'Algérie (elle signa le manifeste des 121), Marguerite Duras cultiva paradoxalement une écriture de l'absence qui vise au dépouillement et dont les seuls thèmes sont l'amour et la mort, la recherche d'amour absolu, qui sont désir de mort. Elle abandonna les obligations de la psychologie traditionnelle, la présence continue du narrateur omniscient, les exigences d'une logique «séquentielle» et la «motivation»; ne subsiste alors que le texte, à la limite du silence, que cette quête du «mot trou où tous les autres auraient été enterrés», et, en définitive, du possible de l'écriture. Dépeignant toujours le même personnage à travers une pluralité d'identités (Véra Baxter, Lol.V. Stein, Aurélia Steiner), décrivant toujours des lieux vacants, elle compense cette écriture du resserrement par un travail sur les genres. Ainsi, le même texte peut être présenté à la fois sous la forme théâtrale, cinématographique et romanesque. Son roman le Ravissement de Lol.V. Stein, (1964) fut adapté au cinéma. À la fois pièce de théâtre et film, Détruire, dit-elle (1969) raconte la suite du roman intitulé le Vice-Consul (1965). Enfin, l'Amant, son récit le plus connu, donna lieu, au moment de son adaptation au cinéma, à la publication de l'Amant de la Chine du Nord (1991).
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