Georges Brassens (1921-1981)
Auteur, compositeur et interprète
Fils de maçon, il vient à Paris en 1939, peu attiré par la perspective de
préparer son baccalauréat. Sans ressources, il est recueilli par Jeanne Planche
(qu'il chantera souvent: La cane de Jeanne, Chez Jeanne) chez qui il continuera
d'habiter longtemps (Jeanne est morte en octobre 1968). Travaille en usine
(Renault), envoyé au S.T.O., publie en 1942 un recueil de poèmes, À la venvole.
Après la guerre, continue à écrire et milite au sein de la Fédération anarchiste
(il collabore même au Libertaire). C'est Jacques Grello qui le «découvre» en
1952: il passe alors aux Trois Baudets, à Pacra, et enregistre son premier
disque microsillon chez Philips (La mauvaise réputation, Le Gorille, etc.).
Publie à la même époque un roman (La tour des miracles, 1953) et de nouveau des
poèmes (La mauvaise réputation, 1954). Depuis lors, son succès n'a cessé de
croître. Ses disques, sans cesse réédités, ont été réunis en un volumineux
coffret, ses chansons sont parfois traduites (espagnol, italien, allemand) et il
a sans doute largement participé (involontairement) à lancer la vogue de la
guitare sèche.
Mais sorti de ces trois idées forces, on ne sait jamais où l'auteur veut en
venir et certains de ses textes sont même ambigus: Les deux oncles par exemple
ont des relents de collaboration qui ne plurent pas à tout le monde.Ses musiques
ont la réputation de se ressembler toutes, d'être monotones. Qu'on ne s'y trompe
pas: sous les accords sobres de sa guitare se cachent tous les genres: java (Le
bistrot), blues (Au bois de mon coeur), et même rock 'n' roll (Les copains
d'abord). Sa voix n'est pas spécialement «belle» mais sa façon de lâcher les
mots, très proche de celle des chanteurs de blues, est difficilement imitable.
Le personnage a longtemps retenu l'attention: le verbe cru (voir par exemple La
ronde des jurons, Le bulletin de santé), l'air bougon, il se créa très vite
l'image d'un ours mal léché, d'autant qu'il se refusa toujours à révéler le
moindre élément de sa vie privée (il s'en explique: Les trompettes de la
renommée). Il s'explique aussi, avec humour et ironie, de ses gauloiseries et du
rôle que le public le force à jouer (Le pornographe du phonographe). Il y a là,
diraient les sémiologues, un signe nouveau et relativement rare dans ce milieu:
la vedette qui refuse de jouer le jeu du vedettariat, l'homme célèbre dont on
ignore la vie privée, etc. Il laisse cependant percer quelques éléments sur ses
«copains» (René Fallet, Jean-Pierre Chabrol, etc.), ce qui participe bien de son
univers et de son mythe.
Plus que son influence sur la jeune chanson (Pierre Perret et bien d'autres),
plus que les hommages qu'on lui rend (prix de poésie de l'Académie française
1967, À Brassens, chanson de Jean Ferrat, etc.), c'est l'image d'un homme simple
et sincère qui s'impose et qui restera sans doute.
|